Partout dans le monde, on les utilise pour marquer les événements importants de la vie, les rites de passage et les festivals. Les fleurs sont des symboles puissants: un bouquet de roses pour dire son amour à la Saint-Valentin ou à la fête des mères, une couronne pour marquer son affection pour un défunt, un montage pour célébrer un mariage,… Malheureusement, derrière ces jolies attentions peuvent aussi se cacher d'énormes coûts environnementaux et de souffrances humaines.
L'industrie de la fleur coupée est un gros marché, représentant annuellement entre 55 et 100 milliards de dollars. Le premier producteur mondial de fleurs coupées est la Colombie, qui a exporté environ 660 millions de tiges en 2020. Les autres grands pays producteurs sont l'Équateur, le Sri Lanka et le Kenya, qui fournissent un tiers de toutes les roses vendues dans l'UE. La Chine est un producteur émergent et nos voisins, les Pays-Bas, sont évidemment un exportateur important.
De nombreuses fleurs sont cultivées dans de très grandes pépinières et serres, dont la superficie peut atteindre jusqu’à 500 hectares. Ce sont des plantes très gourmandes en eau, ce qui contribue à une forte consommation et au ruissellement polluant de produits chimiques. Le refroidissement et le transport souvent longue distance en avion génèrent aussi d'importantes émissions de carbone. Idéalement, une fleur devrait passer du champ au vase en trois à cinq jours.
Les fleurs de la Saint-Valentin cultivées en Colombie et acheminées par avion vers les aéroports américains représentent environ 360.000 tonnes de CO2, selon les estimations du Conseil international pour le transport propre. Pour mettre cela en perspective, cela équivaut à environ 78.000 voitures conduites pendant un an.
Les Pays-Bas sont l'un des principaux exportateurs mondiaux de fleurs coupées, dont la plupart sont cultivées dans des serres chauffées ou réfrigérées. Plus proche du marché donc, mais aussi avec une grande empreinte écologique.
L'industrie floricole ne nuit pas seulement à la planète, elle peut aussi affecter les travailleuses et les travailleurs qui la font vivre. L'utilisation généralisée des pesticides nuit à la fois aux travailleur.euses, mais aussi aux enfants qui vivent à proximité des serres ornementales. Les journées de travail peuvent durer jusqu'à 16 heures. Il est donc particulièrement difficile pour les femmes - qui constituent la majorité de la main-d'œuvre - d'obtenir un congé de maternité et de trouver des services de garde d'enfants. Au Kenya, les femmes représentent 60 à 70 % de la main-d'œuvre et les fleurs constituent le deuxième produit d'exportation du pays après le thé. En Colombie, la production de fleurs est le principal employeur des femmes en milieu rural.
Les conditions de travail se sont quelque peu améliorées depuis les années 1990, principalement grâce à l'utilisation de certifications, explique Jill Timms PhD, cofondatrice du Sustainable Cut Flowers Project à l'université de Coventry. Toutefois, de nombreux travailleur.euses des pays à faible revenu sont encore sous-payé.es et la sécurité chimique reste un problème.
Malgré les défauts de ce secteur, Jill Timms note qu'il crée également des possibilités de commerce et d'emploi, notamment dans les régions pauvres où le climat est idéal pour la culture des fleurs.
Décider quelles fleurs acheter peut être compliqué. Renoncer aux fleurs coupées peut réduire votre empreinte carbone, mais leur achat permet également de soutenir des emplois au niveau local et mondial. Aucun acheteur.euse ne peut inverser l'impact de l'industrie floricole, mais les consommateur.trices peuvent faire savoir aux producteurs et aux fournisseurs qu'il existe une demande accrue pour des fleurs produites de manière éthique et durable.
Vous pouvez poser quatre questions importantes lors de votre prochain achat:
La meilleure option est bien sûr de cultiver vos propres fleurs pour les offrir en cadeau. Ou de les réaliser en papier… En tout cas, ne lésinez pas sur vos "expressions" d'amour: dites-le avec des fleurs.
Jaklien Broekx