"Au Congo, la santé universelle n'est plus une option, c'est un devoir !", tel était le message à l'ouverture de la Conférence Internationale du même nom, qui a eu lieu dans la capitale congolaise Kinshasa ces 14 et 15 février. Le président Tshisekedi a pris des engagements : lorsqu'il a pris ses fonctions, il avait déjà donné pour instruction au gouvernement d'œuvrer en faveur de l'accès universel à la santé avec l'aide des mutuelles de santé. Six mois plus tard, un groupe de travail a été mis en place pour examiner un nouveau plan stratégique pour l'accès universel à la santé.
Au Congo, environ soixante millions de congolais parcourent plus de cinq kilomètres pour avoir accès au centre de santé de le plus proche qui réponde plus ou moins aux normes en infrastructures et équipements médico-sanitaires, etc. Ce n'est qu'un chiffre, mais qui indique bien combien le défi de l'accès universel à la santé est immense.
Au cours de la conférence, ce plan stratégique a été longuement discuté et formellement approuvé par tous ceux qui y ont travaillé dur ces derniers mois. Et, ils étaient nombreux. Les ministères compétents, les conseillers du Président, plusieurs organisations internationales (comme la Banque Mondiale et l'Organisation Mondiale de la Santé) ainsi que de nombreux acteurs de la société civile.
Henry Kamvunze, Secrétaire de la POMUCO (Plateforme des Organisations Promotrices des Mutuelles de Santé au Congo), et Anatole Mangala, coordinateur de la WSM dans la région des Grands Lacs, témoignent : "Des pressions ont été exercées de toutes parts, car un certain nombre d'organisations veulent imposer leur propre façon de travailler. En ce sens, il était très difficile de faire figurer le rôle des mutuelles de santé dans le document".
Nos collègues ont réussi à se faire entendre car le nouveau plan stratégique indique clairement que les mutuelles de santé jouent un rôle important pour atteindre aussi les personnes actives dans l'économie informelle (secteur qui représenterait plus de 80% de l'économie!). Toutefois, cela nécessitera des investissements importants pour que le plan puisse fonctionner, que la couverture puisse s'étendre et que l'on rende obligatoire l'adhésion au système d'assurance maladie mutuelle. En outre, le gouvernement va devoir subventionner la contribution pour certains groupes vulnérables.
Le Dr Kamba, conseiller spécial du Président, semble également convaincu de cette approche pour parvenir à une couverture universelle: "Les mutuelles de santé créent une dynamique au niveau local, auprès des populations. Elles fournissent certains services dans le domaine de la prévention et de la promotion de la santé, qui ont un impact énorme sur le bien-être des personnes. Elles jouent également un rôle important dans le contrôle des prestataires de soins de santé et dans l'utilisation des ressources. Cela a un effet très émancipateur".
Avec les interventions de POMUCO, du MOCC et du Réseau national pour le droit à la protection sociale dans les différents panels, la voix de la société civile congolaise était très présente. Elle montre également que l'accès universel aux soins de santé n'est pas seulement l'affaire des mutuelles de santé, mais que d'autres mouvements sociaux veulent et doivent également y contribuer.
"Il y a de nombreux signes encourageants qui montrent que le Congo se dirige réellement vers l'accès universel aux soins de santé".
"Il y a de nombreux signes encourageants qui montrent que le Congo avance désormais véritablement vers un accès universel aux soins de santé. Ce plan stratégique est une première étape importante, après que le pays ait également adopté une nouvelle législation sur les mutuelles de santé en 2017. Maintenant, les différents acteurs doivent continuer à unir leurs forces pour la mise en œuvre de ce plan", concluent Michiel Callens (CM-MC) et Bart Verstraeten (WSM) qui se sont également rendus à Kinshasa pour cette occasion particulière.Les deux organisations, en tant que partenaires belges, veulent également s'engager à obtenir des résultats concrets dans cette voie.
Reste à voir comment l'Etat congolais pourra dégager les moyens nécessaires pour la mise en oeuvre de ce plan.
Bart Vertraeten, Dieudonné Wamu Oyatambwe, Jennifer Van Driessche