[communiqué de presse]
Selon les données du BPJS Ketenagakerjaan (l'organisme d'assurance sociale sur l'emploi), les cas d'accidents du travail en Indonésie continuent d'augmenter d'année en année. En 2017, le BPJS Ketenagakerjaan a enregistré pas moins de 123.040 cas d'accidents du travail dans le pays (avec un droit de réclamation de 971,95 milliards IDR), ayant augmenté en 2018 à 173.415 cas (avec un droit de réclamation de 1,22 trillion IDR) et, en 2019, à 182.835 cas (avec un droit de réclamation de 1,57 trillion IDR). Parmi ces cas d'accidents du travail, plus de 4.500 d'entre eux ont causé le décès du travailleur ou de la travailleuse et plus de 2.400 ont provoqué des conséquences de handicaps.
En janvier 2021, l'Association des médecins indonésiens (IDI) a enregistré 504 décès d'agents de santé dus au COVID-19. Il s'agit de 237 médecins, 15 dentistes, 171 infirmières, 64 sages-femmes, 7 pharmaciens et 10 personnels de laboratoire médical. Ce nombre n'inclut pas le personnel de soutien, comme les nettoyeur.euses, le personnel hospitalier et les volontaires de la santé, qui sont mort.es ou ont été exposé.es au COVID-19 en raison de leur travail. Le taux de mortalité des travailleur.euses de la santé en Indonésie est le plus élevé d'Asie, rattrapé en ce moment par l'Inde, et le cinquième du monde.
Chaque travailleur.euse a le DROIT FONDAMENTAL de vivre et d'être en bonne santé, en évitant les accidents du travail ou les maladies professionnelles. La loi numéro 1 de 1970 concernant la sécurité et la santé au travail (SST) établit les principes de base de la mise en œuvre de la SST. Le système de gestion de la SST doit être mis en œuvre dans tous les lieux de travail, sans exception, y compris les exigences relatives aux protocoles de santé, aux équipements de protection individuelle, à la formation en matière de SST, à la supervision, à la prévention et au traitement. La sécurité sociale, en particulier l'assurance décès et accidents du travail, doit être mise en œuvre sur tous les lieux de travail.
Le nombre élevé de décès et d'invalidités continue d'augmenter en raison des accidents et des maladies sur le lieu de travail, entre autres causés par :
- La loi n° 1 de 1970 concernant la sécurité et la santé au travail (SST) ne peut plus répondre aux défis et problèmes actuels, notamment après la pandémie de COVID-19.
- Le gouvernement n'a pas fait de la SST une question prioritaire, de sorte que l'éducation et la socialisation concernant les réglementations et l'importance de la SST ne sont pas optimales, en particulier pour les travailleur.euses sous contrat, les travailleur.euses saisonnier.ères, les travailleur.euses des plateformes numériques, les travailleur.euses informel.les, les travailleur.euses domestiques, les travailleur.euses migrant.es et les travailleur.euses handicapé.es.
- Le faible rôle des inspecteurs du travail et de l'application de la loi pour s'assurer que les dispositions relatives à la SST sont appliquées correctement conformément aux dispositions, ainsi que le rôle inefficace des institutions tripartites de la SST au niveau national jusqu'au niveau de l'entreprise.
- Faible sensibilisation des employeurs au respect des règles légales en matière de SST. Il y a encore beaucoup d'employeurs qui considèrent la SST comme un coût ou une charge, et non comme un investissement dans les ressources humaines qui peut soutenir la productivité des travailleur.euses.
- Il y a encore beaucoup de travailleur.euses qui n'ont pas été inscrits au programme de sécurité sociale de l'emploi, en particulier les travailleuses du secteur informel, les travailleur.euses sous contrat, les travailleur.euses saisonnier.ères, les travailleur.euses des plateformes numériques, les travailleur.euses domestiques, les travailleur.euses migrant.es et les travailleur.euses handicapé.es. En février 2021, le nombre de participants actifs aux prestations de la Sécurité sociale des accidents du travail et des décès des groupes de salarié.es était de 19,26 millions, les travailleur.euses migrant.es de 350 000, les travailleur.euses des services de la construction de 5,46 millions de personnes et les participant.es qui ne recevaient pas de salaire de 2,68 millions de personnes.
- Le processus de demande d'indemnités pour accident du travail ou maladie professionnelle est effectué par l'entreprise, alors que souvent l'entreprise est réticente à déclarer un accident du travail ou une maladie professionnelle afin de maintenir son statut "zéro accident". Cette situation est préjudiciable aux travailleur.euses, notamment à celles et ceux qui sont exposé.es à des maladies mais ne travaillent plus dans l'entreprise.
- Outre les problèmes ci-dessus, actuellement, le BAPPENAS (organisme national de planification) et le DJSN (Conseil national de la sécurité sociale) initient une fusion du JKK (programme d'accident du travail) et du JKN (programme de soins de santé) afin que le financement curatif ultérieur dû aux accidents du travail et aux maladies professionnelles soit géré par le BPJS Kesehatan (organisme de sécurité sociale pour la santé). Ce plan sera certainement préjudiciable aux travailleur.euses qui ont bénéficié des services de l'assurance contre les accidents du travail sous forme de prestations curatives, de réadaptation, de chômage, de formation professionnelle.
A cette fin, nous, "International Social Protection Rights Indonesia" (INSP!R Indonesia), représentant 13 organisations de la société civile, faisant partie du Réseau international pour les droits de protection sociale (INSP!R), demandons au gouvernement indonésien de :
- Réviser immédiatement la loi n°1 de 1970 concernant la sécurité et la santé au travail afin de répondre aux derniers défis en matière de SST, et de faire de la SST un droit fondamental pour chaque travailleur.euse, de manière égale pour les hommes et les femmes, sans exception, sur tous les lieux de travail, y compris la SST pour les travailleur.euses sous contrat, les travailleur.euses saisonnier.ères, les travailleur.euses des plateformes numériques, les travailleur.euses informel.les, les travailleur.euses domestiques, les travailleur.euses migrant.es et les travailleur.euses handicapé.es. Par la présente, le réseau INSP!R Indonésie soutient la position du gouvernement de la République d'Indonésie visant à inclure la SST comme un droit fondamental des travailleurs lors de la 110e session de la Conférence internationale du travail de l'OIT en 2022.
- Accroître le rôle de la supervision et de l'application de la loi en matière de SST, ainsi que garantir le rôle efficace des institutions tripartites de SST dans les entreprises, en particulier la mise en œuvre des protocoles de santé sur tous les lieux de travail.
- Mener des actions d'éducation et de socialisation sur la SST auprès de tous les travailleur.euses, avec le soutien budgétaire de l'APBN / APBD (budget national / budget du district) et du BPJS Ketenagakerjaan (organisme de sécurité sociale sur l'emploi).
- Encourager le ministère de la Main d'œuvre et le BPJS Ketenagakerjaan (organisme de sécurité sociale pour l'emploi) à ouvrir un espace efficace pour les rapports, les plaintes et les demandes de prestations pour les accidents du travail et les maladies professionnelles, y compris pour les personnes handicapées.
- Élargir la participation et les avantages du programme de sécurité contre les accidents du travail et les décès pour les travailleur.euses contractuel.les, les travailleur.euses saisonnier.ères, les travailleur.euses des plateformes numériques, les travailleur.euses informel.les, les travailleur.euses domestiques, les travailleur.euses migrant.es et les travailleur.euses handicapé.es.
- Rejeter strictement le projet d'incorporer l'assurance contre les accidents du travail dans l'assurance maladie nationale, car il compromettra les avantages des programmes destinés aux travailleur.euses.
- Soutenir la mise en œuvre du vaccin COVID-19 " indépendant ", avec des règles et une supervision strictes, sans accabler les travailleur.euses à tout prix.
Ainsi, ce communiqué de presse est transmis. Veuillez respecter les protocoles de santé.
Transmis par Bruno De Ceukelier, Coopérant Asie WSM, au nom des organisations membres du réseau INSP!R Indonesia :
KSBSI (All Indonesian Trade Union
Confederation)
BPJS Watch (Social Security Watch)
KPI (Indonesia Women Coalition)
PJS (Association of Mental Health Indonesia)
JBM (Migrant Workers Network)
TURC (Trade Union Research Center)
Flower Aceh (Aceh Women Organization)
Gajimu.com (Platform on Wage)
LIPS/TPOLS (Sedane Labor Institute)
GARTEKS (Trade Union Federation of Garment, Textile, Leather and Shoes)
REKAN (Indonesia Health Volunteer)
KAPRTBM (Coalition of Domestic workers and migrant workers)
JAPBUSI (Indonesia Workers Network on Palm Oil)
Coverphoto © johannes-pokorn-KBY45Ra5U8M-unsplash
Inside photos © fadil-fauzi-K_MLSMNe6Cs-unsplash © hobi-industri-ddxp9b2E_24-unsplash