Depuis 4 ans, on observe une augmentation du nombre d’enfants contraints au travail, et la pandémie risque d’aggraver la situation. La lutte contre le travail des enfants fait partie intégrante de l’engagement de WSM en faveur du travail décent et de la protection sociale. Au Népal, notamment. Découvrez cette opinion de Ms. Sumikshya, de l’organisation de jeunesse Jagriti Child and Youth Concern Nepal, membre de la plateforme SPCSN (Social Protection Civil Society Network), partenaire de WSM au Népal.
« Ma sœur mettait ses vêtements sur moi et m'emmenait au travail. Elle faisait cela parce qu'elle voulait que je paraisse plus âgée. Si je paraissais mineure, ils-elles ne m'embaucheraient pas. C'était donc une ruse de ma sœur. Je ne lui en veux pas, car je sais qu'elle me faisait travailler pour que nous puissions payer la dette que mon père nous avait laissée après sa mort. L'école, c’était un rêve... Mais quand on a l'estomac vide, on ne pense qu'à manger. Alors j'ai travaillé. Pieds nus. Parfois en vendant des légumes, parfois en cassant des pierres, parfois en faisant la vaisselle, et parfois, portant des poids. Nous faisons de notre mieux pour survivre. On dit que le changement est lent, mais je n'imaginais pas qu'il le serait à ce point. » Ce témoignage de Rekha Mangta, publié sur la page Facebook “Nepal Stories”, reflète la réalité de 15% des enfants de ce pays.
En cette journée internationale de la lutte contre le travail des enfants, il est « bon » de rappeler que cette forme de travail forcé sévit toujours à travers le monde. Dans un pays comme le Népal, le rapport 2021 de l'Organisation International du Travail (OIT) montre que des progrès considérables ont été accomplis dans l'effort d'élimination du travail des enfants. En effet, le nombre d'enfants travailleur-euses est tombé à 1,1 million en 2021, contre 1,6 million en 2008. Cependant, cela fait encore 15,3 % des enfants qui sont encore engagés dans diverses formes de travail, comme les services de restauration/hôtellerie, la vente, l’artisanat, l’aide domestique, ou encore dans des emplois saisonniers.
Bien que cela puisse prouver l'efficacité de l'intervention massive des acteur-rices de terrain visant à mettre fin au travail des enfants, force est de croire que ces chiffres vont en réalité raugmenter à cause de la crise économique induite par le Covid-19. Au niveau national, le gouvernement népalais met actuellement en œuvre un deuxième plan directeur national (2018-2028) sur le travail des enfants. Du niveau local au niveau international, le suivi est vital pour mettre en œuvre efficacement ce plan, apporter un soutien externe, suivre les progrès et pousser à un changement véritable.
En Août 2020, pour la première fois dans l'histoire de l'OIT, tous les États membres ont ratifié une convention, celle contre les pires formes de travail des enfants. Ce cadre universel permet aux pays, comme la Belgique par exemple, d'être tenus pour responsables en cas de pratique de travail des enfants. Le travail des enfants n'a pas sa place dans notre société, ni ici ni ailleurs.
Au Népal, les causes du travail des enfants sont diverses et dynamiques. Les raisons les plus connues sont la pauvreté, l'abandon scolaire, la discrimination, les conflits et décès familiaux. Les effets sont durables et ont un impact sur le statut socio-économique, l'éducation et la santé mentale et physique des enfants. Ces enfants sont privé-e-s d'accès à une éducation de qualité, à une alimentation, à des soins, à de l'affection, à un salaire correct et à un environnement propice à leur croissance, et sont susceptibles d'être victimes d'abus et de violences. Le travail des enfants entraîne également des mariages précoces et un manque d'accès aux opportunités. Ainsi, mettre fin au travail des enfants est non seulement vital pour garantir et protéger les droits des enfants vulnérables, mais aussi pour briser le cercle vicieux de la pauvreté et des inégalités.
« Finalement, j'ai reçu une formation en couture par l'intermédiaire d'une organisation, j'étais vraiment heureuse. En rentrant chez moi, j'ai souhaité avoir une machine à coudre, et j'ai fait part à l'organisation de mon désir de créer un atelier à domicile où je pourrais découper et coudre. Je leur ai dit que je pouvais gagner ma vie. Je pourrais subvenir aux besoins de ma famille. Ils m'ont rapidement acheté une machine à coudre et je l'utilise depuis. J'ai quelques clients qui me font confiance pour leurs vêtements et ceux de leurs enfants. » Comme chaque enfant dans le monde, Rekha Mangta a le droit et l’espoir d’avoir accès à des opportunités en adéquation selon son âge et son apprentissage.
Une opinion de Ms. Sumikshya, de l’organisation de jeunesse Jagriti Child and Youth Concern Nepal. JCYN est un des membres de la plateforme SPCSN ( Social Protection Civil Society Network), partenaire de WSM au Népal.