4 mai 2022

Pour une relation solidaire entre l’Union européenne et l’Amérique Latine & Caraïbe

Le 28 avril, le EU-LAT Network, dont WSM est membre, organisait un webinar sur l’état des relations entre l’Union Européenne et l’Amérique Latine&Caraïbes. L’occasion de présenter l’action du réseau à un public varié composé d’universités, centres de recherches et associations belges. Fort de 45 organisations sociales membres réparties sur notre continent, le réseau EU-LAT entend peser dans la politique européenne afin que les populations latino-américaines vivent décemment.

Une alliance politique stratégique se construit en effet entre les deux continents, mais le réseau constate malheureusement qu’elle se base sur la sécurité, le commerce et les investissements privés au détriment de la coopération au développement et de la solidarité. La recherche de la justice sociale est oubliée par les dirigeants politiques des deux blocs régionaux. Les besoins basiques des populations latino-américaines sont ainsi relégués. Elles subissent de plein fouet les politiques néo-libérales destructrices des liens sociaux et de l’environnement. Ce marasme provoque un appauvrissement massif. Pourtant, les deux continents partagent des défis communs, comme le changement climatique, l’augmentation des inégalités, la réduction de l’espace civique, etc… Il y a là une véritable opportunité afin de nouer des relations basées sur la solidarité plutôt que sur la compétition commerciale. C’est ce narratif d’espoir que les membres du réseau EU-LAT proposent par leur travail de plaidoyer politique actif qu’ils mènent au quotidien auprès des institutions européennes.

 

WSM a pu intervenir lors de ce webinar en mettant en avant l’opportunité qu’offre l’élaboration actuelle d’une législation européenne visant à rendre le devoir de vigilance des entreprises obligatoire. Cette réglementation permettrait de sanctionner des entreprises lorsqu’elles ou leurs sous-traitants se rendent coupables de violations des droits humains et environnementaux dans le cadre de leurs activités. Une telle législation s’avérerait très efficace pour encourager les nombreuses entreprises européennes présentes en Amérique Latine & Caraïbes à agir de manière plus responsable, elles qui sont régulièrement pointées du doigt pour de graves violations perpétrées dans le cadre de projets miniers, de production textile, de barrages hydrauliques, de monocultures agricoles, etc.  Si la législation a le mérite d’être sur la table, il convient néanmoins d’alerter sur sa faiblesse et le besoin qu’elle puisse encore être améliorée par les parties prenantes européennes (Parlement, Etats membres et Commission Européenne), notamment en y incluant beaucoup plus d’entreprises dans son champ d’application et de mesures visant à faciliter l’accès à la justice pour les populations affectées. Pour le réseau EU-LAT, les questions de genre devraient prendre une place prépondérante dans cette proposition législative. Elle a d’ailleurs pu le dire via une lettre ouverte publiée récemment.

Afin d’illustrer l’urgence d’adopter une telle réglementation, notre coordinateur du plaidoyer et de la recherche, Santiago Fischer, a pu citer le cas de la militante des droits humain Berta Cacères, assassinée au Honduras pour avoir défendu les droits des communautés face à une multinationale qui bénéficiait de financements européens. Les auteurs ont finalement pu être condamnés, au prix d’une longue saga judiciaire et grâce au travail de pression mené par le réseau EU-LAT auprès du parlement européen. Un succès qui ne fait pas oublier les défis qui se posent au réseau, notamment la baisse de financements tous azimuts que subissent ses membres. Sans ressources, difficile en effet de pouvoir lutter pour plus de droits humains en Amérique Latine & Caraïbes…

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