300 personnes issus de quatre continents se sont retrouvées virtuellement le jeudi 3 février afin de célébrer le lancement officiel d’INSP!R, le réseau international pour le droit à la protection sociale. Les participants, issus d’horizons variés (coopération internationale, mouvements sociaux, instances politiques continentales, syndicats et mutuelles, etc.) ont pu découvrir et débattre pendant ce séminaire la vision et objectifs partagés par la centaine de membres de ce réseau : lutter ensemble pour que la protection sociale universelle pour tous.tes devienne une réalité tout en mettant en avant le rôle clé de la société civile dans cette mission.
Bart Verstraeten, directeur général de WSM, a affirmé cette motivation à changer le monde pour le rendre plus solidaire en ouverture de la session : « Nous formons une communauté humaine unique qui se distingue par sa diversité, sa créativité et sa capacité à transformer le monde. Nous sommes une humanité au sein de laquelle tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Cependant, avec 71% de la population mondiale ne bénéficiant d'aucune protection sociale ou d'une protection inadéquate, nous savons que nous avons encore du pain sur la planche. Nous nous donnons comme mission de restaurer la dignité de tous.tes ».
Regardez la vidéo de présentation d’INSP!R :
Différents intervenants se sont succédé afin de plonger les participants aux racines de ce réseau que sont les mouvements sociaux ancrés dans leurs communautés, en Amérique Latine & Caraïbes, Asie, Afrique et Europe. C'est là qu'ils organisent et travaillent avec des grands groupes d’individus évoluant la plupart du temps dans l’informalité, et donc exclus des systèmes de protection sociale.
Ainsi, des organisations sociales comme Gregoria Apaza (Bolivie), Mufede (Burkina Faso), le réseau national INSP!R du Rwanda « ZAMUKA » ont pu partager leurs stratégies innovantes qu’elles mettent en place au niveau local afin de promouvoir des services qui permettent à des populations locales de sortir de la précarité. Ces expériences démontrent que l’accès à une protection sociale est essentiel afin de s’extraire de la pauvreté.
Des invités exceptionnels ont pu faire écho aux différentes interventions du réseau INSP!R. Mamadou Diallo (Confédération Syndicale Internationale), Shahra Razavi (de l’Organisation Internationale du Travail), Pr. Rachel Sabates-Wheeler (Institute for Development Studies, Grande-Bretagne), Tom Joos (Mutualités Chrétiennes , Belgique) et Pr. Ingrid Mulamba (Université de Kinshasa, RD.Congo et INSP!R RD.Congo) n’ont pas manqué de souligner l’importance de compter sur un tel réseau pour mobiliser des forces sociales afin d’engranger des victoires et de ne laisser personne de côté. En effet, selon eux, l’avenir de l’humanité dépendra de nos capacités à couvrir l’ensemble de la population tout au long du cycle de la vie, tout en ayant une attention particulière à que cette couverture soit sensible au genre. Ils ont souligné l’importance de nouer des partenariats avec d’autres réseaux et institutions afin de mener un travail de plaidoyer renforcé et de mobiliser des ressources financières ; et cela afin d’assumer notre responsabilité d’un monde avec moins d’injustices et d’inégalités, notamment en prenant soins des personnes les plus vulnérables, comme les travailleur.euse.s informels. Assurer que ces derniers puissent s’organiser et être représentés pour défendre leurs droits constitue aussi un chantier primordial. Les normes internationales du travail, parmi lesquelles la convention 102 et les recommandations 202 et 204 sont des instruments à promouvoir auprès des Etats afin de les encourager à progresser vers des systèmes de protection sociale intégrés et largement soutenus. Enfin, nos invités ont conclu que les défis sont nombreux à relever tant nous vivons une ère de transition systémique. Placer la création d’emplois décents au centre de notre attention nous permettrait de nous rapprocher de nos objectifs…
Des expériences de plaidoyer politique continentales couronnées de succès ont également été partagées avec enthousiasme par les représentants d’INSP!R en Afrique de l’Ouest, en Europe et en Asie. Ils ont pu aborder comment la santé et sécurité au travail devient un enjeu majeur en Asie, comment le statut des travailleur.euse.s « indépendant » des plateformes est une préoccupation croissante en Europe ainsi que les avancées au sein de l’UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africaine) en termes de reconnaissance des mutuelles de santé comme acteurs sociaux essentiels dans la région.
INSP!R a produit en 2021 un document de vision, qui contient des expériences diverses de ses membres ainsi que les fondements du plaidoyer clamé par le réseau et portés auprès des instances politiques nationales (plus de 25 pays), continentales et internationales.
Les participants sont sortis de cet évènement convaincus que nous devons travailler ensemble en tant qu'organisations de la société civile, par-delà les frontières et les continents. La lutte pour davantage de protection sociale est plus pertinente et aura plus de chance d’aboutir si elle est faite globalement, dans notre monde interconnecté et mondialisé.
INSP!R est constitué d’un large groupe de mouvements sociaux que sont les syndicats, organisations de santé mutuelle, coopératives, organisations de femmes, mouvements de jeunesse, organisations de personnes âgées et mouvements d'agriculteurs, etc. qui se mobilisent au quotidien. Notre travail de pionnier, ancré localement et fournissant des services de protection sociale à nos membres, nous donne une crédibilité et une légitimité pour plaider plus fortement en faveur de la protection sociale universelle. Notre demande pour plus de protection sociale s’ancre dans des besoins mais surtout des droits humains des populations…INSP!R ne demande pas la charité mais le respect des droits humains fondamentaux. Pour cela, nous avons besoin d’investissements massifs et la mobilisation de moyens financiers, en ce compris ceux apportés par la lutte contre la fraude et l’évasion fiscale. Plus qu’une charge, la protection sociale est avant tout une question de volonté politique, car abordable financièrement.