14 juin 2024

Journée des Travailleuses Domestiques : la Ligue établit son 1er gouvernement du courage politique !

Ce vendredi 14 juin 2024, à la veille de la journée internationale du travail domestique et au lendemain des élections politiques, les militantes de la Ligue des Travailleuses Domestiques, avec le soutien du MOC Bruxelles et de la CSC Bruxelles, se mont mises en grève. Nous étions là aussi pour les soutenir.  


Espérant trouver de meilleures conditions de vie en Belgique, de nombreuses femmes fuient la violence économique, politique et de genre de leur pays pour venir y exercer un travail domestique. En proie aux abus et à l’exploitation, certaines d’entre elles se sont affiliées à la Ligue des travailleuses domestiques du syndicat chrétien pour revendiquer leur régularisation et leur droit à exercer un emploi légal, décent et sécurisé. 

Le travail considérable de la Ligue et de la CSC Bruxelles consiste à sensibiliser et former les travailleuses, afin qu’elles soient plus nombreuses à connaître leurs droits, apprennent à les revendiquer et à négocier. Aujourd’hui, c’est avec brio qu’elles ont réussi à le faire et nous continuerons de mener la lutte avec elle. 

Un an après l’organisation du Tribunal du courage politique, la Ligue a organisé un événement retraçant leur parcours historique de lutte menant à leur 1er Gouvernement du courage politique, dont les principales revendications sont : 

En cette journée de grève, ces héroïnes ont été mises sous le feu des projecteurs, pour (se) donner enfin la place qu’elles méritent pleinement : remise d’un prix de cinéma voté à l’unanimité par un jury international (rien que ça !), un tapis rouge et des spotlights et un générique de fin qui célèbrent ces stars de l’ombre. Le tout, marié dans une atmosphère bouleversante, de solidarité et de sororité.  

Soyons très clair·es : il reste -malheureusement- beaucoup de travail à faire. La violence et le harcèlement sont l’une des violations les plus importantes auxquelles les travailleuses domestiques sont confrontées dans leur travail. En raison de l’invisibilité de leur travail, dans les maisons privées, selon le·la propriétaire et sa volonté ou non de respecter les droits et d’offrir de bonnes conditions de travail. 

« Mais ce n’est pas la seule violation de nos droits. De nombreuses travailleuses domestiques n’ont même pas un seul jour de congé, et doivent travailler 7 jours sur 7. C’est le cas de 17% des travailleuses domestiques en Belgique», témoigne l’une d’elle. Dans le cadre de cette journée de travail exagérée, les travailleuses fournissent toutes sortes de soins. Elles l’ont par ailleurs très bien mis en scène : le matin, la garde des enfants, puis le nettoyage de la maison et la lessive, et le soir, les soins aux adultes et aux grands-parents s’ils·elles sont à la maison. Et pendant tout ce temps, les travailleuses domestiques doivent effectuer leur travail de la manière la plus invisible qui soit. «Nous sommes un secret de polichinelle, nous devons nous cacher parce que nous sommes des travailleuses domestiques, or tout le monde sait que nous existons, puisque nous travaillons dans vos maisons. Or nous devons être fières de notre travail et nous considérer comme des travailleur·euses comme les autres »

Les conventions comme cadre de référence: une mise en œuvre difficile 

Aujourd’hui, seuls 38 pays, dont la Belgique, ont ratifié la Convention 189, mais la bonne mise en œuvre de la Convention n’est pas encore une réalité dans de nombreux pays. Ces travailleuses sont payées bien en dessous du salaire minimum (la CSI a calculé que, dans le monde entier, les travailleur·euses domestiques gagnent 50 % du salaire mensuel moyen par rapport aux autres salarié·es) ; et la grande majorité d’entre eux·elles ne sont pas affilié·es au système de sécurité sociale (santé, retraite, etc.).  

On estime qu’au moins 80.000 travailleuses sans papiers en Belgique accomplissent un travail domestique ou de soin aux enfants, aux personnes âgées ou dépendantes, sans bénéficier de protection légale. Or, avec les résultats des élections (fédérales et européennes) du weekend dernier, leurs droits sont plus que jamais menacés.  

S’il est de la responsabilité des gouvernements de ratifier et de mettre en œuvre ces conventions, le rôle des syndicats et des autres organisations qui organisent les travailleur·euses, domestiques et autres, est crucial pour contrôler et suivre la bonne mise en œuvre. L’engagement des mouvements sociaux est la chose la plus importante pour continuer à faire pression sur les gouvernements et à exiger des droits, avec les conventions de l’OIT comme cadre de référence. Nous ne lâcherons rien. Elles, encore moins.  

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