La tendance actuelle d’attaques et de pression sur le secteur associatif, sur les organisations de la société civile et autres ONG ne désemplit pas. Encore récemment, la plateforme d’ONG européennes CONCORD dénonçait les pressions et dénonciations fallacieuses au niveau du Parlement européen. Cette dernière publiait dans son communiqué de presse :
“L'attaque, menée par certains députés européens du Parti populaire européen (PPE) et par des groupes d'extrême droite, est alimentée par la désinformation. Elle recourt à des arguments trompeurs pour fabriquer artificiellement un scandale, et est relayée et amplifiée par des articles de presse mal informés. À une époque où les valeurs démocratiques sont érodées dans l'UE et les États membres, et où les acteurs civiques agissant pour ces valeurs sont de plus en plus attaqués, cette nouvelle offensive contre le financement des OSC (organisations de la société civile) et contre notre légitimité dans le processus démocratique risque non seulement de rétrécir encore les espaces civiques européens, mais aussi d'affaiblir la démocratie dans son ensemble».
Ce discours qui délégitimise les organisations de la société civile, accusées de détourner de l’argent public, et qui menace les institutions est pourtant aux antipodes du cadre légal européen et de la place que joue justement ces organisations. Les traités et la charte des droits fondamentaux reconnaissent l’importance d’une société civile soutenue et, de facto, financée pour son action, et ce, afin de construire des démocraties fortes et transparentes. Aussi, le dialogue social et toutes autres formes de participation structurée sont mis sous pression. Cela impacte évidemment directement ces mouvements sociaux dans leur base et dans leurs missions auprès des populations sur le terrain. C’est bien tout un tissu organisationnel qui est en train d’être détricoté avec en bout de course un affaiblissement de nos démocraties.
En Belgique, le gouvernement « Arizona » nous sert également son lot de mesures et de coups durs. Les ONG de solidarité internationale sont sous le coup d’une forte réduction budgétaire d’un quart de l’enveloppe destinée à la coopération au développement. La Belgique s’éloigne donc largement de ses engagements internationaux d’investir 0,7% de son revenu national brut dans la solidarité internationale. Pourtant, WSM et ses alliés se mobilisent déjà depuis plusieurs mois pour inverser la tendance. Force est de constater que la solidarité internationale n’a plus sa place dans ce gouvernement et ce au sens littéral, car ce terme n’apparait même plus dans l’accord de gouvernement ”Arizona” ni dans la déclaration de politique générale du nouveau Ministre de la Coopération, Maxime Prévot. Ce gouvernement pousse, d’un côté, les ONG à mettre plus à contribution le secteur privé et les dons émanent directement des citoyen.nes, en lieu et place de cette aide publique rabotée. De l’autre côté, il compte réduire de 45 à 30% la déduction fiscale des dons : un contre-sens ! La solidarité semble punie !
Cette double atteinte budgétaire à la société civile impacte directement la coopération et la solidarité internationales. Bart Verstraeten, Secrétaire Général de l'ONG WSM, déclarait récemment :
« Les grands problèmes mondiaux tels que l'inégalité, la migration, le changement climatique, etc. nécessitent une approche internationale. Sinon, ils nous reviennent en pleine figure comme un boomerang. Tous les grands changements sociaux sont le fruit d'organisations qui travaillent ensemble, ici et là-bas. C'est pourquoi nous devons coopérer davantage avec les mouvements sociaux des autres continents ! En Belgique aussi, les gens y croient fermement. Ce qui se passe aujourd'hui à l’est du Congo ou en Palestine ne laisse personne indifférent. Les gens sont des êtres solidaires. Leurs dons sont donc importants pour notre organisation. Ils montrent que nous sommes soutenus dans notre action."
Les effets de cette tendance d’attaques et de mise sous pression de la coopération internationale se notent malheureusement partout dans le monde. Que cela soit en la délégitimisant, en la criminalisant, en lui réduisant son budget ou encore en lui réduisant son espace d’actions, de fait ou de droit. La réduction de l’espace civique est malheureusement une réalité à laquelle les partenaires syndicaux, mutualistes, et toutes les mouvements sociaux partenaires de WSM font face quotidiennement. WSM a récemment conduit une étude (qui sera bientôt publié sur note site) dans différents pays où des partenaires sont actifs à cet égard et le constat est édifiant. Les pressions des gouvernements sont multiples et multiformes, laissant chaque fois moins le droit à la liberté associative et en ciblant les actions collectives des syndicats et des mouvements sociaux qui ne peuvent parfois plus se réunir ou jouir de la liberté d’association et d’expression. Néanmoins, différentes stratégies de contre-attaque et de résistance prennent forme pour continuer à former une société démocratique forte en impliquant les différents mouvements syndicalistes et sociaux pour remettre au cœur de nos sociétés la SOLIDARITE.
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Photos : @Didier Petre, WSM